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1 - Il avoue qu'il a volé de l'argent.
La première étape consiste à tenter de comprendre: « Qu'est-ce qui t'a poussé à faire ça ? » et à l'impliquer: « Comment réagirais-tu si c'était à toi qu'on
avait pris des sous ? » Le psy recommande la réparation plutôt que l'aveu, plus destructeur que le geste lui-même. Il faut envisager avec l'enfant
la meilleure manière de procéder: remettre l'argent à l'endroit où il a été volé (dans la poche)? Le confier à un adulte (professeur principal, par exemple),
dans une enveloppe, en demandant sa confidentialité. En tout cas, «pour réparer, il faut affronter, ne pas rester dans la culpabilité et être ferme sur
un point: il s'agit d'une transgression de la loi». Un autre psy, pour sa part, aime bien les «travaux d'intérêt général, proportionnels à la somme
volée. 1 € ? Il descend la poubelle...».
Dans tous les cas, pas question de minimiser cet acte: «Mais tout le monde a fait ça... » L'adulte est
protecteur et porteur de la loi; il ne faut pas qu'il se place en position de connivence avec le petit «kleptomane». S'il recommence, une consultation avec
un pédopsychiatre se révélera nécessaire: voler est souvent le signe de troubles plus profonds, la manifestation de problèmes qui ne peuvent pas «se dire».
2 - Des élèves le frappent depuis trois mois.
Là encore, pas d'hésitation, dites à votre enfant: «En tant que parent, il est impossible de ne rien faire. Nous devons agir. A nous de voir comment», propose
une psychologue, responsable de L'Ecole des parents et d'une structure d'écoute Fil santé jeunes. «On a toujours peur d'aggraver les choses, mais ces
situations peuvent être à l'origine de traumatismes et de troubles chez les enfants. Si on ne réagit pas, on favorise indirectement une montée en puissance
du phénomène. Il a peur des représailles?
Dites-lui que leur taux, dans ce genre d'affaires, est assez bas, même s'il ne faut pas le négliger.»
Il faut moduler la réponse: attendre quelques jours pendant lesquels on met en place des stratégies (partir en groupe, l'accompagner au collège, etc.),
puis en reparler. Si rien n'évolue, il faut prévenir le personnel d'encadrement de l'établissement scolaire, sans donner les noms des agresseurs pour éviter
l'escalade, à condition que le problème ne soit pas trop important.
Une autre psy, quant à elle, conseille une intervention plus «musclée». «L'Education
nationale doit prendre la mesure du problème. Il faut signaler l'agression par courrier auprès du directeur et de l'inspection d'académie, en précisant
qu'une plainte sera déposée au commissariat en cas de récidive.» Ce qui n'exclut pas de demander une réunion d'information à l'école.
«Les enfants et les adolescents doivent se sentir entendus et protégés par les adultes. C'est essentiel pour leur développement et leur future vie
d'adulte. Quelle image donne-t-on de nous-mêmes si nous ne remplissons pas notre devoir auprès d'eux? »
3 - Il me dit que son copain se drogue.
Derrière cette confidence pointe l'inquiétude de l'adolescent pour son ami. Ce qu'il attend, c'est un soutien, des idées, pour l'aider, mais surtout pas
de jugement moral. On peut conseiller à son copain de faire appel à l'infirmière scolaire {elle est tenue au secret professionnel),
lui proposer de l'accompagner. Suggérez-lui de prendre rendez-vous, vous-même, avec une assistante sociale ou une association, s'il le
souhaite.
Votre enfant exprime aussi sa peur de perdre cette amitié si son camarade apprend ces démarches. «Les adolescents sont
des êtres loyaux. Poser un autre regard sur la situation permet de le soulager de son angoisse.» Expliquez-lui qu'il n'est pas un traître en voulant
agir, mais que c'est son copain qui n'a pas une attitude correcte vis-à-vis de leur amitié, s'il est «défoncé» lorsqu'ils se voient. Il peut le mettre
face à ses responsabilités: «Je m'inquiète pour toi, ça rend les choses désagréables entre nous. Je peux essayer de t'aider si tu veux.» «II faut
bien lui faire comprendre la différence entre délation et témoignage». «On dénonce pour faire du mal, on témoigne pour aider.»
Dans tous les cas, c'est aux adultes de prendre les choses en main: «Ce qui se passe est grave, mon devoir est d'intervenir. Si je ne le faisais pas,
il s'agirait de non-assistance à personne en danger.» En introduisant la notion de loi, indispensable à rappeler, le parent remet les choses à leur
place. «Prévenez les autorités, comme l'infirmière scolaire. Ne faites pas de démarche auprès des parents: si quelqu'un
doit les contacter, c'est un médecin, une infirmière ou un enseignant, une autorité professionnelle qui n'impliquera pas directement votre enfant. »
4 - Sa copine lui a confie que son oncle la caressait.
«Révéler un secret si lourd, c'est une immense preuve de confiance et de courage». Face à un acte aussi grave et souvent vécu comme une honte,
pas d'hésitation: il faut agir, et vite, en expliquant à l'enfant qu'il s'agit d'une transgression majeure de la loi, que personne n'a le droit de toucher
un enfant ou un adolescent. Dites-lui surtout qu'un secret est fait pour être gardé, sauf si la dignité et la vie sont en danger. Ce sont des actes punis
par la justice et le devoir de l'adulte est d'avertir les personnes compétentes pour savoir si c'est vrai ou pas et mettre sa copine en sécurité.
Deux actions sont envisageables: prendre un rendez-vous avec le directeur de l'établissement scolaire pour lui exposer les faits. C'est alors à ce dernier
de prévenir les autorités judiciaires. Mais vous pouvez aussi vous rendre directement au commissariat de votre quartier ou à la gendarmerie.
Ces actes peuvent détruire une vie: il faut impérativement intervenir.
5 - Juste pour voir...
D'abord, il y a la foule des curieux, tous ceux qui brûlent de savoir ce qu'est devenu le flirt de colo, la jolie blonde aimée pendant un séjour
linguistique. Peu d'entre nous échappent à la tentation de savoir ce que sont devenus certains de nos ex. Visiter leur page Facebook, échanger un ou
deux e-mails, cela n'engage à rien... Mais cette quête ludique n'est pas toujours anodine. C'est vrai que le beau Philippe avait laissé à Sophie de
tendres souvenirs. « Mais je ne faisais pas de réelle fixation sur lui. Un soir de vague à l'âme, j'ai surfé sur Copainsdavant pour voir ce que mes
amis d'alors étaient devenus et aussi trouver peut-être l'homme de ma vie. D'ailleurs, pirouette du destin, c'est sur un autre garçon de l'époque,
qui fantasmait sur moi et qui ne m'avait pas vraiment laissé de souvenir, que s'arrêta le curseur. »
Ces internantes curieux sont souvent des
nostalgiques à la recherche d'un paradis perdu: la vie d'avant les échecs et autres écueils. Et ce sont souvent les premières désillusions
conjugales qui réveillent les premières amours.
6 - Retrouver l'insouciance de la jeunesse.
En pistant les partenaires de nos vertes années, on remonte le temps avec la délicieuse impression de pouvoir revivre un bout d'histoire commune.
C'est ce qui est arrivé à Laure et Patrick, qui s'étaient rencontrés et aimés sur les bancs de la fac, puis quittés pour d'autres horizons. « Le
revoir, c'était plonger dans ma jeunesse, mon insouciance, s'émeut Laure. On a échangé des souvenirs et, très vite, retrouvé une complicité de
potaches. Avec lui, j'arrête de vieillir, je vis dans la légèreté de nos 20 ans. Un véritable élixir de jouvence. Pas sûr que j'aurais le même
coup de cœur si je le rencontrais pour la première fois aujourd'hui. »
« C'est une curieuse idée, de penser retrouver dans le passé une âme sœur qui serait passée inaperçue. Y aurait-il, dans cette
nostalgie, une peur de vieillir? Malgré le happy end, on peut douter de la stabilité d'une relation fondée sur une idéalisation du passé... »
7 - Se rappeler l'amoureux qu'on a été.
Est-ce ce parfum de jeunesse qui nous fait parfois cliquer à la recherche du tout premier amour ? « Je n'avais jamais oublié Hadrien, nous raconte
Alice. J'avais 16 ans, c'était la première fois que je me sentais importante aux yeux de quelqu'un. Et pourtant, un départ à l'étranger a eu raison
de cette belle histoire. J'ai attendu vingt ans avant de me lancer, la Toile aidant, bien sûr. C'est à 45 ans que j'ai vraiment eu envie de ce
retour aux sources. Avant, je pensais surtout à bâtir mes vies professionnelle et familiale. Mais, après mon divorce, j'ai eu le désir de retrouver
ce lien irremplaçable. En revanche, mon Hadrien était devenu un cadre sup dégarni, et l'amour n'était plus au rendez-vous. » C'est vrai que l'envie
est grande de revoir celui avec lequel on s'est construite.
« Le premier amour, c'est un séisme. On garde la trace de ce bouleversement, on le contemple avec une certaine nostalgie. Mais c'est
aussi la nostalgie de ce que l'on a été alors, un être plein de vigueur, de projets, de passion de la découverte de soi. Et lorsque la vie
devient terne, on retourne vers ce qui nous a passionnés. Autrefois, cela restait sur le plan fantasmatique, aujourd'hui, on va franchir le pas.»
8 - Faire le bilan de son existence.
« Je me suis connectée à un moment où j'avais besoin de faire le point, raconte Juliette, 40 ans. J'ai éprouvé un besoin impératif de renouer avec
le passé, de me rassurer sur ce que j'étais devenue avec des témoins de l'époque. Je voulais me sentir en terrain conquis. C'est comme cela que j'ai
retrouvé Louis, un amour qui avait compté. Tous deux libres, nous avons renoué. Loin d'appartenir à mon milieu et à mon univers professionnel, il
m'a permis de retrouver le fil entre ce que j'ai été et ce que je suis devenue. Une rencontre bénéfique qui m'a aidée à dresser une sorte de
bilan de ma vie en mesurant le chemin parcouru. » Retrouver l'autre pour se retrouver soi ?
«Se conforter dans un regard "d'avant" est une attente extrêmement forte: "Suis-je toujours aussi séduisante que j'étais dans son regard
il y a vingt ans ?" » « Les anciennes amours comme grille de lecture ? Cela peut correspondre à un temps de retour
sur soi mais aussi à une angoisse du temps qui passe. Soudain, on a besoin de savoir qui on est, où on en est. Le passé est vécu comme un recours
contre l'avenir.»
9 - Donner une seconde chance à une histoire inachevée.
Les amours accidentellement interrompues peuvent désormais renaître grâce à une petite souris. « Et si, finalement, Anne était mon seul grand amour ? »
Cette idée a surgi dans l'esprit de Yan un soir de blues. «Après tout, on s'était quittés pour de mauvaises raisons. Elle désirait un enfant alors
que je n'étais pas prêt à m'engager, puis elle a déménagé et voilà, nous nous sommes perdus de vue... Je l'ai retrouvée grâce à Facebcok, quinze
ans après. Elle aussi était dans une période de rupture ! Très vite, des rafales d'e-mails ont fait surgir des souvenirs. Les retrouvailles
en furent d'autant plus excitantes. Nous avons puisé une énergie incroyable dans cet amour contrarié et nous avons revécu un second coup de
foudre. » Voilà un «rétrosexuel» gagnant...
« Regarder en arrière en essayant de réparer ses erreurs, cela peut marcher si l'on réussit à
vivre au présent son amour d'hier. Attention ! toutefois, il faut continuer à mûrir. » « Quand on a 50 ans et que l'on tombe sur quelqu'un de
nouveau, il vous voit avec votre âge actuel. En revanche, lorsque l'on renoue avec une personne qui vous a connu jeune, il a pour vous le regard
d'avant, ce qui est bon pour retrouver son narcissisme ».
10 - Prendre sa revanche.
Les intentions peuvent parfois être ambiguës, et même légèrement perverses. On peut avoir le désir inavoué de revoir celui que l'on a tendrement aimé
et qui vous a salement laissé tomber, pour se venger d'anciennes souffrances. C'est le cas d'Alix, qui fut une jeune femme rondelette, complexée et
timide. «Au lycée, je me prenais un "râteau" avec tous les garçons, je longeais les murs et je m'étais réfugiée aveuglément dans les études. Avec
Eric, j'ai pourtant eu le sentiment d'une belle et brève histoire. Ce n'était qu'une illusion de jeunesse, d'ailleurs il m'a vite larguée pour une
autre, nettement plus séduisante et svelte. Dix années ont passé. Récemment, délestée de 20 kilos, d'un vilain nez et de mes lunettes, j'étais
enfin prête à séduire avec le désir fou d'être remarquée. J'avais surtout une féroce envie de revoir Eric et de lui montrer ce que j'étais
devenue, de l'étonner. J'ai vite trouvé son contact sur Facebcok. Rendez-vous fut pris. Il a été scotché ! Ce que je cherchais ? Pas vraiment
à renouer, je voulais juste le bluffer, le reste n'avait pas d'importance. Cela fut une très bonne thérapie. »
En fait, ce besoin de revanche
trouve son origine dans cette nécessité que l'on a de vouloir prouver aux autres ce qu'on est devenu. « II s'agit de les confronter à
l'évolution, au progrès, de leur montrer leurs erreurs. Cela « renarcissise » de montrer qu'on a changé, encore faut-il y croire soi-même. »
Alors, merci la Toile ?
11 - Elle met du baume au cœur.
Si, pendant des siècles, nostalgie a rimé avec mélancolie, depuis les années 80, elle se débarrasse peu à peu de ses oripeaux. Parmi ceux qui
décortiquent cet état d'âme figurent T.W. et C.S., de l'université de Southampton. Grâce à plusieurs études sur
la nostalgie, ils ont montré que se souvenir des bons moments passés nous rend optimistes et stimule l'estime de soi. Ainsi, ils ont demandé
à 172 étudiants de leur université de se remémorer une expérience nostalgique avec force détails, puis de l'écrire. Ces volontaires ont ensuite
répondu à un questionnaire pour évaluer leur état émotionnel. Résultat: leurs émotions étaient majoritairement positives. « Le paradoxe de la
nostalgie est que son déclencheur est la tristesse et sa fonction, la réparation », constate un psychiatre. Elle agit
comme une pommade qui viendrait cicatriser nos petites blessures psychiques.
12 - Elle ne retient que le meilleur.
Si la réputation de la nostalgie n'a cessé de balancer entre le pire et le meilleur, c'est que c'est un état d'âme subtil. En effet, elle associe
à la fois des éléments positifs - on est plutôt nostalgique des bons moments ! - et des éléments négatifs, puisque ce temps-là est révolu. Mais,
au final, les psychologues s'accordent aujourd'hui à dire que c'est le bonheur d'avoir vécu ces moments heureux qui l'emporte. Tout d'abord parce
que les bouffées nostalgiques concernent souvent des réalisations personnelles ou des événements de vie importants. « Je repense parfois au voyage
en Inde que j'ai fait à 20 ans, avec ma fiancée de l'époque, raconte Yves, 52 ans. Nous n'avons pas voyagé dans des conditions idéales,
j'ai même eu des petits soucis de santé. Mais la découverte de ce pays m'a troublé et séduit. J'en ai gardé plein d'images et d'odeurs magiques. »
Cette mémoire autobiographique enrichit notre personnalité. Elle renforce notre sentiment d'identité, rend notre vie plus palpitante et lui
donne du sens. Les chercheurs se sont aperçus que, bien souvent, les épisodes qui nous reviennent sont ceux où l'on s'est retrouvé face à
une difficulté que l'on a réussi à surmonter. Notre gentille mémoire sélective ne retient que les bonnes choses. En regardant son propre
passé, on se rend compte de ses qualités et on a une bien meilleure image de soi-même.
13 - Elle nous pousse à aller vers les autres.
Se plonger dans notre passé enrichit également notre vie sociale. « Normal, car ces réminiscences incluent les autres, qu'il s'agisse d'une
rencontre amicale ou d'un succès professionnel ». Un tiers de nos souvenirs porte sur des personnes que l'on a connues. Cela nous rappelle
à quel point nos relations personnelles sont importantes. La nostalgie diminue même la peur d'être rejeté par les autres et nous donne envie
d'aller à leur rencontre, en toute confiance. Bref, elle renforce notre sentiment d'appartenance. Les grands timides et les solitaires malgré
eux peuvent donc s'abreuver à sa source. D'ailleurs, une étude menée par les chercheurs britanniques cités précédemment, associés
à des psychologues chinois de l'université Sun Yat-Sen, montre que la nostalgie agit comme une sorte d'anti-dépresseur contre le sentiment
de solitude.
14 - Elle nous aide à avancer...
Même si la nostalgie est un phénomène spontané, les psychologues suggèrent néanmoins de s'y entraîner. Un exercice simplissime: il suffit de faire
une pause de cinq minutes de temps à autre pour se remémorer les moments qui nous ont rendus heureux et de les écrire. « En fait, la séquence
qui suit la bouffée nostalgique est importante ». Que vais-je faire de ces souvenirs heureux ? Vais-je chercher à recontacter cet ami d'enfance
auquel je pense souvent ? Si je suis seul, vais-je tout mettre en œuvre pour rencontrer quelqu'un ou vais-je rester chez moi en pleurant
sur mon sort à me remémorer le bon vieux temps ? La nostalgie n'est pas une bonne fée qui exauce tous nos vœux. C'est un point de départ
qui nous aide, à un moment donné, à nous retaper, mais qui doit
faire du neuf. Côté cinéma également nous pousser à avancer, à progresser... Comme elle se teinte d'une pointe de tristesse, elle nous invite
aussi à la sagesse. « A l'opposé des visions exclusivement positives de la vie, elle nous montre qu'une part d'ombre est nécessaire pour
apprécier la beauté de la lumière ». Mais, attention ! les chercheurs sont formels: c'est la nostalgie personnelle, celle qui se réfère à nos
souvenirs autobiographiques, qui est bénéfique, et pas l'historique, qui nous fait rêver à un temps que l'on n'a pas connu. Si le Moyen
Age enflamme votre imaginaire, cela enrichira votre culture personnelle - vous deviendrez incollable sur les châteaux médiévaux, entre
autres -, niais cela ne stimulera pas votre énergie ni votre humeur.
15 - ... mais ne fait pas bon ménage avec la mélancolie.
Alors, tous à ces cahiers qui fleurissent en librairie et nous invitent à nous pencher sur notre passé ? Pourquoi pas, mais à condition de ne pas
être au trente-sixième dessous. « Lorsqu'on demande à des gens déprimés de se souvenir des bons moments, cela aggrave leur dépression ». Robert,
50 ans, en a fait l'amère expérience: « Je n'ai pas encore digéré mon divorce, qui date d'il y a trois ans. Du coup, je pensais souvent à mon
ex-femme et aux instants joyeux de notre vie. Je passais en boucle les CD de Gainsbourg que nous écoutions ensemble, j'allais dans les cafés
où nous aimions nous retrouver et cela me rendait mélancolique. Il y a six mois, j'ai pris conscience que j'étais happé par le passé et que
je rêvais ma vie au lieu de la vivre. » Ce sont les limites de la nostalgie ! « On ne peut jamais vivre en regardant sans cesse dans le
rétroviseur. Il faut parier sur les forces de vie, or plonger trop souvent dans le passé, c'est le contraire de la vie. » Alors, pour conduire
notre existence le plus harmonieusement possible, jetons régulièrement un petit coup d'ceil dans le rétro, pour pouvoir, le reste du temps,
regarder tranquillement droit devant...
16 - La distribution des rôles.
Ce qu'en pense la psy:
La trajectoire de Gilles n'est pas une exception. Nous avons tous tendance à répéter mécaniquement des schémas qui nous collent à la
peau. Un enfant s'approprie les étiquettes que lui attribue son entourage. Ces étiquettes sont reçues comme la vérité et, c'est sur
elle qu'il bâtit l'image qu'il a de lui-même car il recherche inconsciemment à être reconnu par le cercle familial. Sans compter
notre capacité à nous identifier, par mimétisme et par obéissance au désir de nos parents, à d'autres personnages de la famille. Et
là, prière de ne pas se tromper ! S'il est estimable de devenir globe-trotteur comme l'oncle Albert, afficher une paresse
contemplative à la sauce du cousin Jean provoque la censure.
Comment sortir du piège ?
Certains réussissent d'instinct à se libérer de l'inconfort à se mouvoir dans un costume qui ne répond plus à leurs mesures. D'autres
ont davantage de mal, ils se sentent à l'étroit. En observant et en analysant la distribution des rôles de chacun, ils sauront juger
par eux-mêmes si la place qui leur a été attribuée leur convient ou non et choisir de composer avec ou de s'en dégager.
17 - Les rivalités permanentes.
Ce qu'en pense la psy:
Tous les enfants sont naturellement jaloux. Il n'est pas un individu qui ne soit passé par le fantasme qui consiste à croire que
l'autre est préféré, qu'il a toujours plus... un comportement qui découle de la peur, on ne peut plus légitime, de ne pas être aimé.
Comment sortir du piège ?
A nous de comprendre pourquoi cette injustice se répercute ainsi sur nous et, surtout, de trouver la parole qui apaisera ce chagrin
d'enfant dont les larmes s'épanchent encore. Je suis née fille et ma famille préfère les fils. Message reçu ! De là, on décode: je
déçois parce que je ne réponds pas au rêve d'autrui. Et alors, n'est-ce pas mon rêve qui importe ? Nous sommes enfin aptes à
pardonner à l'autre, autant qu'à nous-mêmes, de ne pas être l'enfant parfait et prêts à fabriquer notre image d'adulte en répondant
à nos besoins propres.
18 - Les injonctions déguisées.
Ce qu'en pense la psy:
On voit la difficulté pour la maman de libérer sa fille de son emprise. Sous-entendu, « n'oublie pas, ma chérie, que tu es ma chose,
et que je fais de toi ce que je veux ». En lui imposant ainsi son autorité, cette mère handicape Catherine dans sa confiance.
Surtout, elle risque de déclencher une rébellion qui entraînera une succession d'échecs, en plus d'un grand mal-être. Ces attentes
peuvent déclencher l'opposition systématique et pousser à projeter, dans sa vie quotidienne, le contraire absolu des attentes
investies en nous. La psy insiste sur ce point: réagir « à l'opposé de ». c'est toujours agir « en fonction de ».
Prendre le contre-pied de ce que l'on a connu s'appelle le « contre-scénario », et ce n'est pas accéder à la liberté de soi-même,
loin de là.
Comment sortir du piège ?
La plupart d'entre nous finissent par percevoir le principal: l'amour qu'on nous porte... même si on a projeté sur nous des choses
qui nous sont étrangères. Comprendre nous permet d'avancer en évitant de devenir une personne que nous ne sommes pas.
19 - Le chantage affectif.
Ce qu'en pense la psy:
Ce témoignage a en effet de quoi agacer. Il illustre à quel point le chantage affectif se bâtit sur l'émotionnel, d'où la puissance
de sa mainmise sur nous. Cette mère, que toute intrusion de la vérité dérange, a manipulé sa fille au point que celle-ci se sent
extrêmement mal. Une régression qui la ramène de façon violente à l'époque ou, encore bébé, elle n'aurait pu survivre si elle s'était
retrouvée privée des soins de sa mère.
Comment sortir du piège ?
En cessant d'accepter d'être l'objet du chantage de l'autre. Avons-nous vraiment envie de le soutenir dans ses divagations ? Non,
alors, il faut puiser en soi la conviction de dire stop ! Passer du statut d'objet au «je» suffit parfois à retirer à l'autre les
armes qu'il utilise contre nous.
20 - L'autorité toute-puissante.
Ce qu'en pense la psy:
Cette déviance de l'autorité cache en réalité des personnes peu sûres d'elles: elles éprouvent une si grande crainte à l'idée de ce
que pourrait provoquer leur manque d'assurance qu'elles déclenchent la terreur. A ne pas confondre avec l'autorité sous-entendue
des sempiternels: «je te l'avais bien dit... ». « si tu m'avais écouté, tu n'en serais pas là... », formules qui s'abattent tout
autant comme le rappel à l'ordre du parent qui fait tout mieux. Une difficulté évidente à respecter en tant qu'individu l'enfant
devenu adulte.
Comment sortir du piège ?
Le moyen de « nettoyer » ces parents terrorisants, c'est de découvrir pourquoi ils ont adopté ce comportement. Il est souvent
bénéfique d'essayer de faire parler les oncles, les tantes... Les récits qui se libèrent permettent de considérer nos parents
en dehors de leur rôle et de prendre du recul.
21 - La prise en tenaille.
Ce qu'en pense la psy:
Ce n'est pas une surprise: le rôle d'arbitre a largement de quoi vampiriser l'énergie. Nathalie doit être papa contre maman ou maman
contre papa. De la même façon, une fille peut se retrouver écartelée entre ses parents et son mari, ou vice versa. Chaque fois qu'il
y a réaction passionnelle, nous pouvons être sûrs qu'il se joue quelque chose de l'enfance. Mais pas nécessairement de la nôtre,
peut-être de celle de nos parents.
Comment sortir du piège ?
Cela fait penser à cet autre couple qui vivait dans le conflit permanent. Lorsque le mari a disparu, sa femme ne s'en est jamais
remise. C'était leur mode de fonctionnement: il leur fallait s'affronter pour se rencontrer. A nous de dénouer l'écheveau du
couple parental, de ne pas s'en sentir coupables et, surtout, ne pas se sentir obligé de prendre parti pour son père ou sa mère,
ne pas laisser l'un ou l'autre nous embarquer dans son histoire conjugale.
22 - Les non-dits et les secrets de famille.
Ce qu'en pense la psy:
II faut déplorer ces non-dits imposés sous couvert de « ne pas faire de peine ». Ces silences forcés découlent d'une mauvaise
connaissance de l'être humain, et peut-être aussi de la crainte de bousculer l'ordre social en vigueur. A moins qu'il ne s'agisse
de la peur du qu'en-dira-t-on. Silences et secrets reposent souvent sur la honte. Cette honte se perpétue, parfois de génération
en génération, jusqu'à donner vie à ces fameux secrets de famille que l'inconscient connaît, mais que certaines consciences ignorent
encore.
Comment sortir du piège ?
Nous sommes des êtres de paroles et lorsqu'un proche traverse une difficulté, mieux vaut en parler. A en croire un psychologue
américain, « la parole tient une place primordiale dans les familles qui vont bien ». Il faut oser percer les abcès,
quitte à bousculer les personnes que nous aimons. Contrairement à ce qu'affirmé le proverbe. la vérité est toujours bonne à dire,
c'est la façon de la dire qui change tout...
23 - Dans quels cas parle-t-on de répétition amoureuse ?
Quand notre façon d'aimer une autre personne suit un schéma toujours identique. Les situations sont très variées, de la recherche systématique d'un type de personnalité
à celle d'un certain type de relation.
24 - Nous avons tous des critères amoureux, cela nous condamne-t-il pour autant à la répétition?
Se sentir physiquement attiré par les grands bruns plutôt que par les petits blonds, c'est effectivement une sorte de répétition. Mais ce qui interpelle
la psychologue que je suis, c'est la reproduction d'un mécanisme psychique qui enferme et contre lequel on ne peut pas lutter. Par exemple, l'attirance
automatique pour une figure paternelle, pour des hommes déjà pris, d'autres qui ne veulent pas de vous...
25 - II y aurait de bonnes et de mauvaises redites amoureuses?
Oui, mais pas au sens moral ! La répétition est négative quand elle condamne au malheur. On peut s'épanouir dans une série d'histoires amoureuses sans
issue ou même se jouant sur un mode masochiste. Le bât blesse quand la personne souffre de ses échecs en cascade, en ayant l'impression que le bonheur
lui est interdit malgré ses aspirations et ses efforts.
26 - Quelle(s) question(s) doit-on alors se poser?
Toute succession d'échecs amoureux devrait amener à s'interroger sur le schéma relationnel qui se reproduit chaque fois, même si les partenaires semblent
totalement différents. Il arrive qu'un compagnon soit « idéal », mais que l'on fasse tout (inconsciemment bien sûr) pour ruiner la relation. Plus que
la personne, c'est le lien qu'on établit avec elle qui est significatif: derrière toute répétition se joue le besoin de retrouver une situation
marquante généralement vécue pendant l'enfance ou lors des premières amours.
27 - D'où vient ce besoin?
De l'inconscient qui cherche toujours à revivre ce qu'il a connu de fort, que ce soit une situation heureuse ou malheureuse. Il peut se figer dans la douleur et ne
chercher qu'à la retrouver ou tenter de dépasser le traumatisme en espérant chaque fois changer le dénouement de l'histoire.
28 - La répétition peut-elle servir à se guérir?
La pratique montre que, la plupart du temps, elle est motivée par la quête d'une fin heureuse qui réparerait les souffrances passées. Le problème, c'est
que ses mécanismes trouvent souvent leur origine dans la relation aux parents amour insuffisant ou destructeur). Ce « mal amour » n'a pas donné la
sécurité intérieure de base qui permet de remonter la pente après un échec douloureux. Cette sécurité intérieure peut se forger au fur et à mesure
des ruptures si elles servent à mûrir et à mieux se connaître soi-même. Mais l'inconscient est souvent si fort qu'il vous interdit de penser pour
pouvoir continuer à répéter.
29 - Ce sont principalement des femmes qui ont témoigné. La répétition est-elle plus féminine que masculine?
Non. Mais il est vrai que les femmes sont plus enclines à parler de l'amour en général. Cependant, la répétition amoureuse féminine a la particularité
d'être plus souvent liée à la question de l'enfant.
30 - Comment cette question peut-elle être au cœur d'une succession d'échecs amoureux?
Parce qu'elle est au centre de l'identité féminine. Une femme doit décider très tôt de son positionnement: devenir mère ou pas, quand, avec qui ?
Autant de questions déterminantes, par ailleurs soumises à l'horloge biologique. Une femme qui ne réussit jamais à construire une relation avec un
homme avec qui elle pourrait concevoir un enfant qu'elle désire n'est généralement pas au clair avec sa maternité ou avec la place de l'homme dans
celle-ci.
31 - Comment expliquer que l'on puisse « tomber » systématiquement sur le mauvais numéro?
La répétition des échecs douloureux naît d'abord de la répétition de mauvaises rencontres. Or, contrairement à ce que l'on croit, lors de la rencontre,
on ne cherche pas le bonheur et la personne qui y correspond mais l'excitation: c'est une question de désir, pas d'amour - un sentiment qui se
construit dans la durée. Or le désir est directement lié à l'inconscient... qui sait littéralement décrypter chez l'autre tous les signes qui nous
semblent invisibles. Et même si on identifiait le danger, la pulsion serait telle que l'on irait quand même vers lui !
32 - Les sujets à la répétition négative seraient même de véritables proies...
Oui. Ils attirent souvent les manipulateurs et les prédateurs dont l'inconscient repère les personnes en souffrance, des victimes qui s'offrent
véritablement à eux.
33 - Selon vous, la répétition amoureuse en dit long sur la répartition traditionnelle des rôles.
Oui, parce qu'elle peut être pesante à ceux qui la rejettent sans assumer vraiment leur besoin d'être différents. Là encore, c'est un cas de figure très
féminin: de nombreuses femmes n'assument pas leur force de caractère et leur autonomie. Elles cherchent alors des hommes qui puissent les dominer. Et
elles vont les punir autant, qu'ils y parviennent ou pas. Leurs relations n'ont alors aucune chance d'aboutir. Pour être heureux, il faut savoir se
départir des schémas étouffants et s'accepter tel que l'on est. Ce qui implique de ne pas trouver trop de satisfaction à se sentir victime.
34 - Justement, comment sort-on d'une répétition amoureuse négative?
En arrêtant de chercher à se guérir de l'amour par l'amour, c'est-à-dire en reconnaissant ses propres failles et en acceptant que rien ni personne ne
pourra jamais les réparer pour nous. La vie, et particulièrement la vie à deux, est faite d'une succession de phases où l'autre comble nos manques, puis
n'y parvient plus. La répétition cesse lorsqu'on comprend que la finalité de l'existence ne doit et ne peut pas être de voir nos manques comblés en
permanence, encore moins par un tiers.
35 - Y a-t-il un autre moyen que la psychothérapie?
Je pense que la psychothérapie est le meilleur traitement, mais quelques séances peuvent suffire. L'aide de quelqu'un dont l'expérience permet de
déceler ce qui se joue derrière des échecs successifs se montre utile. Le psy est suffisamment neutre pour faire passer un message doublement difficile
à entendre. Parce que l'inconscient lutte contre et parce qu'il est toujours douloureux de réaliser qu'on a sa part de responsabilité dans ses propres
fiascos: la répétition amoureuse n'a jamais de victime à sens unique.
36 - Que risque-t-on à ne pas briser le cercle vicieux?
De toute évidence à rester triste toute sa vie, mais aussi à rendre les autres malheureux, et plus particulièrement ses enfants à qui l'on peut
transmettre un véritable mode d'emploi de l'échec. Il n'est en effet pas rare que la répétition obéisse à des schémas régissant les relations
amoureuses sur plusieurs générations.
37 - Je ne suis pas mon travail.
Normalement, on ne se confond pas avec la fonction qu'on occupe. Donc quand votre n + 1 (supérieur direct) vous fait une
remarque, c'est le rôle que vous jouez dans l'entreprise, et non vous, qui est visé.
Pourquoi est-ce difficile à dire aujourd'hui ?
« Avant, il y avait un pot commun qui fixait les règles du travail bien fait, à partir duquel chacun tissait son attitude. De nos jours, faute de règles
communes, chacun puise en soi la réponse. Quand le boss émet une critique, le salarié se sent touché dans ce qu'il est ». En outre, aujourd'hui, quantité
de professions ont glissé d'un savoir-faire technique à un métier de service. La notion d'un service de qualité, par essence floue, interroge le
salarié sur son « savoir-être » (je suis bon/mauvais) et non sur son savoir-faire (voilà ce que je sais faire).
Une solution:
Prendre du recul par
rapport aux critiques, en gardant toujours à l'esprit qu'elles ne portent pas sur vous-même, mais sur votre savoir-faire. Si vous avez besoin de
repères « objectifs » pour vous situer professionnellement, demandez un entretien à votre hiérarchie.
38 - Je ne suis pas obligé d'atteindre des objectifs inaccessibles.
Dans l'entreprise, on n'est plus à l'école ! Notre manager
n'est pas là pour nous dresser des louanges (même si, il faut avouer, ça nous ferait du bien...).
Pourquoi est-ce difficile à dire aujourd'hui ?
Le management multiplie ce qu'on nomme des « injonctions paradoxales », deux demandes auxquelles il est impossible de répondre simultanément. La plus
fréquente ? « Fais vite et fais bien. » Ces doubles contraintes sont pathogènes: « Elles condamnent le salarié à l'échec, n ne peut pas en même
temps produire très vite et assurer une qualité maximale ! S'il donne priorité à un objectif, il lui sera reproché de négliger le second. Or, dans notre culture de la performance, condamner quelqu'un à l'échec, c'est terrible: on l'oblige à devenir son
propre bourreau. » Les managers ne sont pas à l'abri, eux qu'on enjoint de créer un esprit d'équipe tout en encourageant la compétition entre
salariés. Pour le spécialiste de bien-être et de mal-être au travail, la solution qui vient à l'esprit serait
de réaliser le caractère impossible de l'opération et d'agir comme on le sent: « Mais cela installe parfois le salarié dans une situation de
mensonge: il va faire semblant, il dit qu'il effectue les contrôlesmais, pour respecter les délais, il ne les fait pas tous. » Peu à peu, on en
vient à accomplir un travail dont on n'est pas fier. Or, selon le sociologue: Un salarié qui dit « Je n'ai pas le sentiment de faire du bon
boulot" va mal. »
Une solution:
Dire
clairement à sa hiérarchie: « Ces objectifs sont impossibles à atteindre. Quelle doit être ma priorité ? »
39 - Je mets un peu de moi (mais pas tout) dans mon travail.
Comme une chaise, l'existence de chacun repose sur quatre
pieds: le travail, la famille, la vie sociale et son jardin secret.
Pourquoi est-ce difficile à dire aujourd'hui ?
Parce que vous attendez beaucoup de votre travail, vous avez tendance à donner toujours plus (de temps, d'énergie). Un sondage montre que 32 % des Français travaillent pendant leurs congés et 37 %, le soir et le week-end. En faire plus que
ce pour quoi on est payé semble désormais la norme. D'autant que, avec les nouvelles technologies, on peut faire semblant d'être avec ceux qu'on aime
et continuer à avoir une partie de nous qui travaille.
Une solution:
Se ménager
de vraies pauses le soir, de véritables vacances sans fil à la patte comme un ordinateur et un téléphone portable. Personne n'est indispensable !
On s'en rend souvent compte trop tard...
41 - Je ne suis pas tout seul à avoir du mal.
Ce n'est pas une honte de reconnaître qu'on peine à suivre
la cadence, qu'on a du mal à enchaîner les coups d'accélérateur.
Pourquoi est-ce difficile à dire aujourd'hui ?
On se sent coupable de peiner. Coupable... et menacé: car si on est le seul à avoir du mal, on sera peut-être le premier viré... En plus, avant,
quand un salarié peinait, ses collègues l'aidaient. « Désormais, c'est compliqué, note Michel Gollac. Celui qui donne un coup de main se sent
pressuré; donc il aide, mais pas autant qu'il le faudrait; et celui qui est aidé ne l'est pas autant qu'il l'espérait. Résultat, les deux
sont peu satisfaits de cette collaboration. » Ce collectif au travail, qui faisait qu'on se serrait les coudes autrefois, a perdu de sa force...
alors que c'est justement ce qu'on aime dans l'entreprise. Mais avec des objectifs individualisés, on se dit: « Si j'aide mon voisin, je serai
en retard. » A ce tarif-là, avec des salariés qui se sentent concurrents, le collectif a triste mine !
Une solution:
On arrête
de souffrir dans son coin. S'il y a un réel problème d'organisation dans l'entreprise, on en parle avec ses collègues pour essayer de trouver
des solutions et les proposer à la hiérarchie.
42 - Je n'attends pas de lauriers au travail.
Dans l'entreprise, on n'est plus à l'école ! Notre manager
n'est pas là pour nous dresser des louanges (même si, il faut avouer, ça nous ferait du bien...).
Pourquoi est-ce difficile à dire aujourd'hui ?
« Plus que les autres Européens, les Français ne craignent pas de se surinvestir pour répondre au discours sous-jacent qui martèle: "Epanouissez-vous
au travail" », note Dominique Méda. La réalité se révèle décevante: 57 % des Français considèrent que leur implication n'est pas reconnue; et seuls
15 % estiment avoir un salaire élevé (un des moyens de se sentir reconnu).
Une solution:
Partez
du principe: « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. » Voyez ce qui est source de satisfaction: « Je gagne peu, mais j'ai des horaires souples » ou
« Mes collègues sont sympas ». « Tout cela ne donne peut-être pas le bonheur, reconnaît Michel Gollac, mais cela contribue à éviter le malheur ! »
C'est déjà ça, non ?
43 - Il se soucie du qu'en-dirart-on.
« Mon mari est hypersensible au regard des autres. Quand nous sommes dans le jardin, il veut que nous chuchotions sous
prétexte que tout le quartier n'a pas besoin d'être au courant de ce que l'on pense. Dans la rue, c'est pareil, on dirait qu'il cherche à s'assurer
que personne n'a rien vu ni rien entendu... ».
Ce qu'en pense la psy:
Même ceux qui n'ont rien à cacher redoutent à certains moments de livrer un espace d'intimité aux étrangers. En se laissant aller, lors d'un dîner
joyeux dans le jardin, un convive peut s'abandonner à une parole capable de heurter un voisin. Or on n'a pas forcément envie que la famille d'à côté
sache qu'il nous arrive de « nous lâcher », que cela fait partie de nous. Peut-être le mari de Catherine est-il aussi victime de son imaginaire ?
En effet, que savons-nous de la pensée des inconnus que nous croisons ? Rien ! Celle que nous projetons sur eux n'appartient qu'à nous. Il suffit de
se rappeler les jours où l'on se dit: « Mais pourquoi me regarde-t-il comme ça, celui-là ? » pour en être convaincu. Nous savons, d'instinct, que
cette réaction agressive surgit dans un moment de fragilité. Le premier regard venu nous blesse alors de façon démesurée.
Comment évoluer ?
Tous les regards ne sont pas rivés sur nous. Penser de la sorte, c'est se donner trop d'importance... De même, nous devons nous distancer d'un regard
accidentel sur un geste ou une parole qui ne sont en rien le reflet de notre personnalité. Ne pas oublier que les rôles peuvent s'inverser et que nous
serons peut-être, demain, témoin d'une maladresse du voisin qui a surpris la nôtre aujourd'hui..
44 - Prenez-moi comme je suis.
«J'ai toujours été fascinée par mon père qui, où qu'il aille, se sentait comme chez lui, ne faisant aucun cas de ce
qu'on pouvait penser de sa manière d'agir (en plein repas, il plantait ses hôtes pour aller faire la sieste), de s'habiller (le matin, il descendait
à la boulangerie en bas de chez nous en pyjama!)... Il disait les choses comme il les pensait, sans tabou, et les gens, selon ses propres mots,
"devaient le prendre comme il était". Je crois qu'il était heureux. ».
Ce qu'en pense la psy:
Plus une personne se plait, plus elle résiste aux regards qui la blessent. S'apprécier, c'est aussi apprécier l'autre et reconnaître la qualité du
regard qu'il porte sur nous. Bref, c'est avoir une bonne estime de soi. En affirmant: « Prenez-moi comme je suis », le père de Sophie assume ce
qu'il est tout en se libérant des effets des regards portés sur lui. Cette habile défense est le lot des hypersensibles, qui parviennent souvent
à dépasser ainsi leur peur du jugement en se fabriquant une image et en l'imposant. Un bon moyen de neutraliser les commentaires. Gare cependant
à ce que cela ne finisse pas par agacer l'entourage, qui se détourne d'eux, ce qui les conduit à l'isolement...
Comment évoluer ?
S'affranchir de la dépendance du regard de l'autre, ce n'est pas ça ! Bien sûr, il s'agit d'accoucher de soi, en répondant à ses désirs et à ses besoins
en dehors du jugement d'autrui. Mais il ne faut pas se méprendre sur le sens des mots désir et besoin. Ils renvoient à notre partie la plus authentique,
celle qui nous appartient en dehors de ce que les pressions sociales ou familiales ont étouffé. Ils libèrent ce qui nous fait être, nous rapprochent
de nos aspirations intimes, nous permettent d'avancer en prenant de la hauteur. Mais ils n'ont pas pour vocation d'abolir morale et empathie. Encore
moins quand il s'agit uniquement d'obtenir plus de promotion, de confort, de reconnaissance, d'admiration....
45 - J'ai peur qu'on ne m'aime pas.
« Je suis assez sensible à ce que l'on pense de moi. Décevoir mes proches m'est insupportable, à tel point que j'en fais des tonnes pour qu'on
m'apprécie. En revanche, quand je me trouve avec des gens que je ne reverrai jamais, en vacances par exemple, je suis capable de me lâcher
complètement. Je me montre alors telle que je suis, sans peur des conséquences. »..
Ce qu'en pense la psy:
Visiblement, il n'y a qu'en vacances qu'Anna parvient à se détacher des regards qui la polluent. Libérée des attentes qui traversent systématiquement
le regard de ses proches, elle ose enfin se risquer à vivre pour son compte et... à provoquer un regard négatif! Le reste de l'année, elle bride sa
personnalité, par son application à ressembler à l'image valorisée qui lui a été tracée à un moment de sa vie. Attention ! Il y a danger à annuler
ainsi son identité pour se protéger d'un regard critique, à s'acharner à vouloir répondre aux exigences des autres plutôt qu'affronter la peur de
déplaire.
Comment évoluer ?
Ne vaut-il pas mieux prendre des risques que s'emprisonner dans le doute ? Il semble que oui ! De quoi en faire son pain quotidien, même s'il y a de
l'inconfort, voire de la douleur, à bousculer le train-train des exigences sociales et familiales. Anna doit admettre de ne pas être conforme aux
attentes: cela la préviendra de bien des désillusions. Car elle doit accepter, comme nous tous, le regard qui marque la fin de la perfection à
laquelle nous aspirions... Pour le recevoir avec distance, il est sage d'accepter l'idée que nous ne serons jamais l'idéal que nous souhaitions
inspirer à l'autre autant qu'à nous-même.
46 - Il est vraiment parano.
« Je ne peux plus supporter mon collègue qui est complètement "parano". A la moindre parole de travers, il pense qu'on
ne l'aime pas, que le patron n'en a que pour les autres. Il passe son temps à me dire: "Tu as vu ? Pas un regard ! Qu'est-ce que je lui ai encore
fait, à celle-là ?" Il parvient toujours à se persuader que le monde entier est contre lui ! ».
Ce qu'en pense la psy:
Certes, ne pas plaire nourrit les rancœurs, mais il est juste et bon de remettre chacun à sa place. Ces personnes avec qui nous travaillons au
quotidien, nous ne les avons pas choisies, elles ne nous ont pas choisies: nous avons une tâche à effectuer ensemble et il nous faut accepter que
l'autre ne voie pas tout de nous. Le regard de nos collègues ne s'adresse pas à nous, à notre intime, mais à la valorisation d'un travail commun.
Comment évoluer ?
La critique ne doit pas toujours être entendue comme un rejet, une remise en cause de nous-même, mais plutôt comme une volonté de nous faire progresser
sans intention de blesser. Montrons-nous capable de ne pas projeter sur un désaccord ponctuel une remarque qui viserait l'ensemble de notre personne,
mais de travailler conjointement sur un terrain où chacun reconnaît ou apprivoise les compétences de l'autre.
47 - Le syndrome de la bonne élève.
« Mon chef est très exigeant. Il me demande parfois de boucler un dossier en une heure. La semaine dernière, il a exigé que je traite cinq dossiers dans
la semaine, à lui rendre impérativement le vendredi soir avant mon départ en week-end. Quand je les lui ai remis, après avoir passé deux nuits quasi
blanches, il m'a répondu de façon désinvolte qu'il avait autre chose à faire et s'en occuperait la semaine d'après. Comme si c'était du travail
négligeable ! J'ai peur de ne pas tenir. »
Le décryptage psy:
« Comme beaucoup de victimes de harceleurs, Michèle est bienveillante, bonne élève et a certainement été éduquée avec ces
petites phrases bien connues: "Sois parfaite", "Fais des efforts". C'est ce que l'on peut appeler la "pathologie de l'enfant soumis". Un profil de
victime idéale, donc... d'autant plus que le chef incarne l'image du père ! » Si on a été élevé par un père tyrannique, on risque de rechercher des
chefs autoritaires, parfois même insupportables, qu'on aura le plus grand mal à quitter... Cela peut même aller jusqu'à la dépression. D'où la
nécessité de consulter un tiers (coach ou psy) pour se libérer de cet « enfant soumis » qui continue à vivre en nous et faire émerger l'« enfant
rebelle » qui sûrement y sommeille.
48 - Travailler plus pour venger une "desperate housewife".
« II m'arrive de rentrer à 23 h chez moi après avoir bouclé un dossier. Je ne peux pas m'empêcher de travailler, j'emporte du boulot à la maison... Et
pourtant, mes enfants me le reprochent. Le pire, c'est que ma mère ne travaillait pas ! ».
Le décryptage psy:
« Le bourreau de travail, souffre d'une vraie pathologie de l'addiction (tout comme l'alcoolique ou le drogué...), qui
souvent sert de pansement à une faille narcissique. » Certaines femmes travaillent énormément pour « venger » une mère qui restait à la maison. Elles
considèrent que le moindre repos, même ponctuel, est dangereux car il implique la « mort sociale ». Alors, paradoxalement, elles se tuent à la
tâche ! En prenant conscience de cela, on peut envisager du repos... sans crainte de s'effondrer.
49 - Petit dernier recherche augmentation désespérément.
« Quand je me suis aperçue que j'étais payée 25% de moins que ma collègue (pour le même travail !), j'ai voulu prendre rendez-vous avec le DRH, mais
je tourne autour du pot et, au final, je n'arrive pas à décrocher mon téléphone ! ».
Le décryptage psy:
« On sait bien que la relation à l'argent est révélatrice de la valeur que l'on s'accorde. Mais elle est en lien également avec la place qu'on occupait
dans la fratrie. Une de mes patientes, une brillante jeune femme cadre dans la chimie, était scandaleusement sous-payée... Nous avons analysé ensemble
sa position de "petite dernière" habituée à passer après les autres et, surtout, implicitement tenue de ne jamais les dépasser ! » D'autres se
débrouillent inconsciemment pour essuyer un refus en indiquant des prétentions trop élevées ou en demandant leur augmentation systématiquement à la
mauvaise personne. Ce que cachent parfois .
50 - Ce que cachent parfois les vocations précoces.
« Après avoir travaillé pendant quinze ans dans une banque, au back-office, je souffre d'une crise de démotivation. Ce poste ne m'intéresse plus du
tout, alors que j'ai voulu faire cela depuis toute petite. Je ne comprends pas. »
Le décryptage psy:
« La banque symbolise souvent la sécurité totale ! On peut choisir, très tôt, de devenir banquier pour protéger sa famille ou prendre sa revanche sur
des histoires d'argent... C'est le même type de vocation précoce qui préside au choix des psys (soigner une mère ou un père malade). Et c'est la raison
pour laquelle ce que l'on nomme "vocation précoce" est toujours un peu suspect car profondément hé à notre place dans la famille ! Celle d'Albertine
était une place de "guérisseuse, sécurisante". Au début de sa vie professionnelle, d'ailleurs, elle a dû s'occuper de son mari malade. Quand il a
pu se remettre à travailler, son rôle de "Mme Sécurité" s'est achevé. Aujourd'hui, elle met à profit son sens de l'empathie et suit une formation
pour devenir thérapeute. »
51 - Une rivalité qui en rappelle une autre...
« II y a quelques années, j'ai été pressentie pour devenir rédac chef. Mon adjointe elle aussi s'est proposée... Au lieu de me battre, j'ai tout fait
pour qu'elle obtienne le poste. Avec mon psy, j'ai compris que cette rivalité impossible venait de mon enfance. Ma petite sœur, handicapée de
naissance, a toujours été protégée par mes parents. Ils ont eu du mal à supporter le fait qu'elle ne puisse réussir aussi bien que moi. Alors devenir
chef, c'était les trahir. »
Le décryptage psy:
« Les rivalités professionnelles, sont très souvent une façon de rejouer la compétition entre frères et sœurs dans une famille. Et c'est la
raison pour laquelle certains échouent systématiquement aux concours - un haut lieu de compétitivité, donc de rivalité - alors qu'ils ont de très
bonnes notes aux examens ! Parfois, souligne la psy, les rivalités sont mutuelles et "croisées", quand l'un projette sa relation conflictuelle avec
sa sœur... Et l'autre avec son père, par exemple ! Cela complique d'autant les choses. » Psys et coachs aident à mettre au jour tout cela pour
permettre aux deux protagonistes de prendre de la distance et de pacifier les relations.
52 - Les thérapies comportementales cognitives.
Ca vient d'où ?
Deux psychiatres américains, Albert Ellis et Aaron Beck, se sont intéressés, à la fin des années 60, à nos cognitions, c'est-à-dire à nos manières de
penser et à leur influence sur nos comportements. Les thérapies comportementales cognitives (TCC) sont nées de leurs recherches sur les liens étroits
entre ces deux dimensions.
C'est particulièrement efficace...
Quand l'anxiété prend le dessus et provoque des comportements destructeurs (boulimie, addictions au jeu, au travail excessif...) ou handicapants
(phobie sociale, troubles obsessionnels compulsifs).
Comment ça marche ?
Pour cette école thérapeutique, si nous allons mal, c'est parce que nos interprétations de la réalité sont fausses. Par exemple, un ami oublie de vous
téléphoner le jour de votre anniversaire et vous vous effondrez en pensant: « II n'en a rien à faire de moi », ce qui provoque en vous un sentiment de
solitude et de la tristesse. Si vous modifiez votre interprétation et pensez: « II a eu trop de travail aujourd'hui mais, dès qu'il pourra, il me fera
signe », votre humeur s'allège naturellement.
Les TCC ont pour objectif ce réapprentissage de la pensée qui favorise une amélioration émotionnelle et
plus de liberté dans les comportements. « Cette thérapie responsabilise, explique la psychiatre Stéphanie Hahusseau, car elle vous montre que, si
vous n'êtes pas coupable de souffrir, vous êtes cependant responsable de vos émotions. » Pour modifier sensiblement ses manières de penser et ses
croyances, puis tenter de nouveaux comportements, le patient passe un véritable « contrat » avec son thérapeute qui lui propose des objectifs et
des évaluations régulières, et même des devoirs à faire à la maison.
Au début de la thérapie, il faut noter dans un petit carnet les situations
ayant déclenché des émotions négatives, puis les pensées qui étaient associées à une telle émotion. Sur une période de quelques semaines, le
patient pourra ainsi observer les fluctuations de son anxiété. Puis, en fonction du trouble, une seconde phase de la thérapie exposera le patient
de manière progressive et très graduée à ce qu'il redoute (parler en public, rester près d'une araignée...). Peu à peu, et grâce à une
participation active, on se retrouve désensibilisé aux situations anxiogènes. Contrairement aux thérapies analytiques, les TCC ne s'intéressent
pas aux causes du trouble. Peu importe l'histoire ou l'enfance de la personne qui vient consulter, l'objectif est d'adopter de nouveaux
comportements pour réussir demain ce que l'on était incapable de faire hier. Combien de temps ça dure ?
Des séances hebdomadaires allant de trente minutes à une heure et s'étalant sur neuf mois à un an de traitement au maximum font disparaître le symptôme. Combien ça coûte ?
Le tarif est variable selon que l'on consulte un psychologue ou un psychothérapeute (non remboursés) ou un psychiatre (en partie pris en charge). Où s'adresse ?
Vous pouvez obtenir la liste des praticiens dans toute la France auprès de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive, 100, rue
de la Santé, 75014 Paris (ou sur www.aftcc.org).
53 - La sophrologie.
Ca vient d'où ?
Le père de la sophrologie s'appelle Alfredo Caycedo. En 1960, ce neuropsychiatre colombien féru de techniques orientales pour soigner tant le corps que
l'esprit définit et explore l'« état sophronique », un niveau de conscience qui nous permettrait d'entrer en contact avec nos ressources profondes.
A partir de cette découverte, différentes écoles se sont ramifiées. C'est en 1971 que la sophrologie est arrivée en France.
C'est particulièrement efficace...
Dans les périodes de crise ou de grand changement (licenciement, déménagement, annonce d'une maladie... mais aussi accouchement !). La sophrologie
est particulièrement préconisée aux étudiants pendant les périodes d'examens, ainsi qu'aux travailleurs débordés ou sous pression.
Comment ça marche ?
Si on la confond parfois avec la relaxation, la sophrologie est bien plus que cela. Il s'agit d'une technique psychocorporelle très active et complète
qui vise à atteindre l'harmonie intérieure. Celle-ci s'atteint à force de contacter de plus en plus facilement l'état sophronique. « La sophrologie agit
sur le système neurovégétatif, précise Michèle Freud, psychothérapeute. Une séance représente deux ou trois heures de récupération ! » Chaque séance
est structurée en trois phases: un temps de dialogue, puis la « relaxation dynamique » - un état induit à partir de nos respirations - et enfin la
guidance du thérapeute. « La respiration joue un rôle capital comme technique antistress, explique Michèle Freud. Elle est un indicateur infaillible
de notre état interne.
En période de stress, notre respiration tend à se restreindre, elle devient plus superficielle et plus thoracique. Un
minimum d'entraînement permet de repérer cette restriction respiratoire et d'intervenir afin de lui donner plus d'amplitude. » Puis, à partir
d'affirmations et de visualisations, de plongée dans un « lieu ressource » construit selon ses goûts et son histoire, le patient explore sa
difficulté et substitue des affirma tions positives aux obstacles qu'il envisage dans la réalité.
Dans un troisième temps de la séance,
ramené à l'état de conscience grâce aux inductions du thérapeute, le patient peut mettre en paroles ses découvertes, revenir sur les sensations
qui l'ont accompagné pendant cette « promenade à l'intérieur de lui ». Il envisage ainsi sa réalité avec un autre regard. Enorme avantage aussi
avec la sophrologie: l'autonomie. Petit à petit, le patient prend l'habitude de retrouver l'état sophronique à son domicile, soit en écoutant
des cassettes spécialisées, soit en ayant bien intégré le processus de relaxation-visualisation. Combien de temps ça dure ?
Ce sont des séances hebdomadaires d'une heure. Il faut compter de dix à vingt séances pour un accompagnement ponctuel. Combien ça coûte ?
Entre 50 et 80 € la séance, selon la notoriété du thérapeute. Où s'adresse ?
La liste des praticiens est disponible auprès de la Société française de sophrologie, 24, quai de la Loire, 75019 Paris, au 01 40 56 94 95
(ou à contact@sophrologie-francaise.com).
54 - La PNL.
Ca vient d'où ?
Dans les années 70, en Californie, le mathématicien Richard Bandler et le linguiste John Grinder se sont demandé comment faisaient les grands
communicants ou les sportifs de haut niveau pour réussir: quels sont leurs pensées, leur façon de regarder leur environnement, les mots qu'ils
emploient ? De leur recherche est née la programmation neurolinguistique (PNL).
C'est particulièrement efficace...
Pour les problèmes de dépression, d'inhibition et les conflits relationnels. Pour ceux qui cherchent à mieux connaître leur mode de fonctionnement,
leur caractère et, éventuellement, à les faire évoluer.
Comment ça marche ?
La notion de but à atteindre est capitale en PNL. Dès la première séance, le thérapeute demande donc au patient de définir ce qu'il désire - s'affirmer
dans son travail, par exemple. Il va ensuite l'aider à faire l'expérience sensorielle de son objectif, à la fois en s'imaginant dans la situation
réussie à venir et en se fondant sur des expériences passées où il a ressenti dans tout son corps la confiance en soi. On parle ainsi de « situations
ressources ». « Le fil conducteur de la thérapie repose sur la comparaison régulière entre état présent et état désiré, précise la psychothérapeute
Hélène Roubeix. Mais on décrypte aussi les interférences, ce qui empêche la personne d'atteindre ses objectifs. »
En PNL, le patient apprend beaucoup
sur son mode de fonctionnement et de communication (est-il plutôt visuel, auditif ?). « Comme on travaille plus sur la structure et moins sur le
contenu, le patient disposera d'une boîte à outils qui lui servira dans toutes les dimensions de sa vie - couple, éducation des enfants... » Dans
sa version approfondie, la PNL permet aussi tout un travail sur le moi (notre part extérieure) et le soi (notre partie la plus profonde),
encourageant les patients à ne pas se couper de leur dimension essentielle, car c'est là que se trouvent leurs talents, leurs ressources. Combien de temps ça dure ?
Des séances hebdomadaires d'une heure sont conseillées. La personne repart avec des ressources dès la troisième séance, mais un an de thérapie est conseillé. Combien ça coûte ?
Une séance revient entre 60 € (province) et 100 € (Paris). Où s'adresse ?
La liste des psychothérapeutes de l'Ecole de PNL humaniste est disponible sur www.pnl-humaniste.fr.
55 - La thérapie familiale systémique.
Ca vient d'où ?
A la fin des années 50, sur la côte Ouest des Etats-Unis, déjeunes chercheurs en sociologie, en biologie et en cybernétique se réunissent autour de
l'anthropologue Gregory Bateson. Leurs travaux vont bouleverser tout ce que l'on savait jusque-là du changement, de la communication, des
relations... et par conséquent de la famille. En envisageant celle-ci comme un système, ils font apparaître de nouvelles pistes thérapeutiques.
A la fin des années 80, les thérapies familiales arrivent en France.
C'est particulièrement efficace...
Quand un membre de la famille souffre et pose problème à tout le groupe: anorexie ou échec scolaire d'un enfant, violence d'un père, tendance
suicidaire d'une mère... Quand un conflit s'éternise.
Comment ça marche ?
On parle de thérapie familiale ou de thérapie de couple à partir du moment où deux membres d'un groupe familial décident de s'engager dans le processus.
Le thérapeute reçoit dans une même pièce toutes les personnes impliquées. La vidéo peut être utilisée et le thérapeute enregistre la séance afin de
repérer les interactions entre les membres, les inflexions de voix ou les regards échangés. Dans un premier temps, on cherche à analyser le conflit
qui a suscité la demande de prise en charge, ou le problème spécifique d'un membre. « Pour nous, le symptôme qui a fait consulter est un comportement
d'adaptation à un contexte. Si un enfant fait pipi au lit à plus de 6 ans, c'est le signal d'un conflit relationnel dans la famille ». Commence
ensuite une phase d'intervention. Le thérapeute donne des « tâches » à accomplir à certains membres de la famille: une mère devra téléphoner à
sa fille tous les jours, des parents devront accompagner ensemble l'enfant à l'école... De séance en séance, l'expression de chaque membre, protégée
par la présence du tiers thérapeute, amène une énergie nouvelle dans le groupe familial. Chacun est obligé d'écouter le point de vue des autres d'une
manière tout à fait renouvelée et cela modifie positivement les relations. Combien de temps ça dure ?
Au bout de six mois, à raison d'une séance tous les quinze jours, les effets bénéfiques se font déjà sentir. « La plupart des familles suivent une
thérapie d'un an ». Combien ça coûte ?
Il faut compter entre 50 et 110 € la séance d'une heure, selon la notoriété du thérapeute. Où s'adresse ?
On peut se renseigner dans les CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques), où la prise en charge peut être gratuite. Ou à l'Association européenne de
thérapie familiale, pour obtenir la liste des praticiens (rens. sur www.eftacim.org).
56 - L'EMDR.
Ca vient d'où ?
En 1987, Francine Shapiro, psychologue californienne, se rend compte que ses pensées sombres et dépressives disparaissent lorsqu'elle se concentre sur
ses mouvements oculaires en faisant partir ceux-ci en diagonale, d'en bas à gauche à en haut à droite. A partir de cette découverte, elle élabore
un modèle clinique qui donne l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), une thérapie qui a fait ses premières preuves notamment auprès
des vétérans de la guerre du Vietnam.
C'est particulièrement efficace...
Dans tous les cas de stress post-traumatiques, c'est-à-dire lorsque différents symptômes (insomnies, palpitations, ruminations...) se sont installés
après un événement particulièrement choquant.
Comment ça marche ?
Revivre l'événement pour mieux s'en dégager: telle est l'option travaillée dans une séance d'EMDR. Cet objectif repose toutefois sur un protocole très
précis. Dans un premier temps, le praticien cherche avec le patient l'origine des troubles et l'événement autour duquel ils vont engager le processus.
Parfois, le patient l'ignore. On peut donc commencer par dresser une liste de ses souvenirs les plus négatifs et décider lequel investiguer. Il arrive
aussi qu'un traumatisme puisse en cacher un autre, c'est-à-dire qu'un choc récent soit venu faire « caisse de résonance » sur un traumatisme plus
ancien.
Une fois les épisodes à traiter choisis (appelés « cibles »), le patient et le thérapeute font alliance dans un parcours d'allers-retours
entre passé et présent, et le patient est sollicité pour « se remettre pleinement » dans le vécu traumatique. Pendant qu'il revit ses émotions, le
thérapeute, qui peut l'accompagner par quelques questions (jamais intrusives, mais de guidance), fait bouger de gauche à droite une baguette qu'il
demande au patient de regarder; il peut aussi lui tapoter le genou pendant que le patient est en plein récit. Puis on aborde une phase de
désensibilisation durant laquelle le patient s'ancre dans le présent et, si possible, trouve un « lieu sûr » vers lequel il peut se diriger dès
que la reviviscence du passé se révèle trop difficile émotion-nellement. Ces processus quelque peu spectaculaires peuvent laisser croire que
l'EMDR a un côté magique. Mais cette nouvelle technique dont disposent les psychiatres et les psychothéra-peutes doit toujours être utilisée
dans le cadre d'une vraie thérapie, jamais toute seule. Combien de temps ça dure ?
Quatre ou cinq séances, à raison d'une heure par semaine, peuvent déjà mener à la désensibilisation à l'événement traumatique. Combien ça coûte ?
Entre 70 et 120 € la séance. Attention, dans le cas des psychiatres, il faut vérifier que le praticien est conventionné, sinon les prix,
qui peuvent s'envoler, ne sont pas du tout pris en charge. Où s'adresse ?
La liste des praticiens formés à cette technique est disponible auprès de l'Association EMDR France, 80, rue Taitbout, 75009 Paris (ou sur www.emdr-france.org).
57 - Qu'est-ce que l'humour.
Le définir n'est pas une sinécure, c'est même l'objet d'ouvrages (le Rire, de Bergson, ou le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient,
de Freud) parce que la capacité à trouver le comique d'une situation est plus qu'une qualité, elle engage une relation particulière à la
vie. Qui a de l'humour « se promène dans la vie avec un esprit de jeu ». Celui-là fait rire parce qu'il sait dire
des mots, avoir une gestuelle, exprimer des points de vue qui rendent l'histoire ou la repartie irrésistible. On a le sens de l'humour
quand on peut provoquer des surprises qui font rire les autres parce qu'elles nous font rire de nous-mêmes. Car il n'y a pas d'humour
sans humour sur soi en premier lieu. La plupart du temps, la personne qui fait rire se met elle-même en scène de façon risible.
58 - Pourquoi certains en ont-ils beaucoup et d'autres en sont-ils dénués ?
L'humour s'acquiert souvent parce que l'on vit dans une famille qui a cette tournure d'esprit, où le père, la mère, l'oncle ou la tante
savent percevoir le trait drôle d'une situation et ont l'art de raconter une histoire toute simple qui amuse tout le monde. Il y a des
repas ponctués par les fous rires de toute une famille à l'écoute du récit de la mésaventure de celui qui a de l'humour. Et cette
éducation au rire se fait naturellement. On peut aussi gagner de l'humour par opposition, en réaction à
un milieu qui n'en a pas.
59 - Est-ce une chance de vivre avec quelqu'un qui a beaucoup d'humour ?
Avoir un proche qui sait prendre du recul par rapport aux situations dramatiques facilite la vie, embellit le quotidien, peut aider à
porter les petits soucis et les tracas familiaux avec plus de légèreté. C'est sûr, une personne qui a de l'humour sait se moquer
d'elle-même et du monde, et apporte de la joie de vivre à la maison. Mais si elle en s'en sert de trop, si elle a la culture de l'humour
et qu'elle l'utilise comme une technique pour fuir la réalité et les responsabilités, cela peut être également très pénible.
60 - Les enfants ont-ils de l'humour ?
Si tous les enfants adorent rire, aiment faire des blagues et des farces, ils n'ont pas encore l'âge d'avoir de l'humour. « Pour grandir,
l'enfant doit pouvoir s'affirmer sans réserve et sans distance vis-à-vis de lui-même ». L'humour vient bien plus
tard chez l'adulte qui a subi des épreuves et qui a élaboré des stratégies de défense.
61 - Pourquoi un mot d'esprit nous fait-il autant de bien ?
Quand on rit, on est surpris par l'acuité et le condensé du mot d'esprit ou de la scène comique. On se dit: « C'est tout à fait ça ! »,
on vit le plaisir d'une rencontre. Tel un petit coup de foudre, le trait d'humour résonne en nous, réveillant des parts de nous-mêmes.
C'est pour cela qu'il est irrépressible comme les émotions. Par exemple, si l'on rit à l'un des slogans poétiques de l'artiste peintre
Ben: « Nous sommes tous ego », c'est parce que nous sommes surpris par sa justesse. Le jeu de mots (égaux-ego) fait sens en nous.
62 - En quoi l'humour est-il une arme ?
« Contrairement au rire qui est involontaire, l'humour est une stratégie volontaire. Quand on se rend sciemment ridicule, quand on exagère
son malheur, on se l'approprie comme si on était l'agent de ce malheur aggravé. C'est une façon d'accentuer ses problèmes pour éviter
d'être plaint ». L'autre est empêché de se moquer et il partage le rire. D'une manière générale, cela permet de parer les mauvais coups,
de désarmer l'adversaire. Quelqu'un qui a le sens de l'humour cherche consciemment ou non à détourner le mauvais sort. Son autre
avantage majeur est d'avoir un effet positif sur l'énergie personnelle car, en se sortant d'un mauvais pas, il fait rebondir. Dans
la jungle de la vie, l'humour aide à « reprendre du poil de la bête ».
63 - Comment se sortir d'une situation conflictuelle avec humour ?
Il n'y a pas de recette magique applicable à tout. D'abord, n'adoptez pas une position frontale en soulignant que votre « adversaire » ne
comprend pas le problème ou, pis ! en vous indignant de son aveuglement. « Il faut créer une situation à trois: vous, l'autre et le
problème, et faire comme si vous étiez tous les deux atteints par le même problème; comme si vous étiez touchés tous les deux par la
même chose désagréable, un peu navrés mais prêts à assumer et à partager. Cela peut vous consoler d'être ainsi ensemble devant la
difficulté ». Grâce à cette pirouette, vous êtes maître du jeu et entraînez votre « agresseur », malgré lui, avec vous sur un terrain
où vous pouvez partager quelque chose. Pour désamorcer, il faut adopter une attitude qui consiste à se déplacer en permanence.
64 - Est-ce un sens en voie de disparition aujourd'hui ?
Faire de l'humour en temps de crise, c'est sûrement plus dur car on feint de se mettre en danger, avec l'assurance que l'on ne va pas en
pâtir. « Aujourd'hui, la pression sur les individus est très forte, on en voit beaucoup qui ont peur des conséquences de leurs actes:
ils craignent, s'ils bougent un peu trop, de perdre leur place, au propre et au figuré ». Or impossible de faire de l'humour si l'on
manque de confiance en soi, si l'on craint toujours d'être éjecté. « Pour le retrouver, il faudrait penser moins à ce qu'on a pu gagner
ou perdre, et plus à ce qui constitue la valeur et la singularité de notre existence ». Reste que celui qui fait un bon mot donne
l'impression d'avoir gagné au jeu de l'esprit. Alors la vie est plus belle car il peut la maîtriser, en tout cas il le croit, et
cette idée procure énormément de joie.
65 - Abandonner l'idée de performance.
Peut-être avez-vous déjà comparé vos pratiques amoureuses avec celles de votre meilleure amie, des statistiques, de ce couple libertin témoignant à
la télé... Peut-être vous êtes-vous promis de « mieux faire » ? Pourtant, sous couvert de fausses promesses d'émancipation, l'idée que la sexualité est
une technique à acquérir fait des ravages. Une vision normative de la sexualité attaque la confiance en soi, encourage la peur de ne pas être à la
hauteur... Si un domaine doit être sanctuarisé, c'est bien celui-là. Le seul cadre à respecter devrait être la loi. Aucun expert, aucune pratique ne
saurait être prescrit comme « à faire » ou « à éviter ». En amour, chacun doit être son propre guide, en acceptant d'être bousculé, voire dérangé,
par son désir. Laissons-le prendre les commandes, c'est l'aphrodisiaque le plus efficace.
66 - Cultiver sa gourmandise dévie.
Toute personne, aussi dynamique et imaginative soit-elle, a besoin de recharger régulièrement son « réseau sensoriel » pour entretenir sa libido.
Il est conseillé de se mettre régulièrement à l'écoute de ses cinq sens... Et pas uniquement pendant l'amour: en s'offrant un bain chaud, en humant
le parfum de ce bouquet de coriandre... Suivre un cours de modelage, de yoga, s'offrir un après-midi entre amies, soutenir sans culpabilité le regard
sensuel d'un autre, sont autant de petits plaisirs pris en dehors du couple qui permettront de le nourrir. Il est illusoire d'attendre de l'autre
qu'il comble tous nos désirs: chacun a sa part de responsabilité dans l'entretien de son appétit de vivre et d'aimer.
67 - Accepter ses différences.
L'époque est au couple libéré, au partage des tâches... Des avancées sociétales formidables qui ne doivent pas nous amener à confondre équité et
pseudo-égalité. L'une des clés essentielles du désir réside dans l'exotisme de l'altérité. « Pour naître et s'épanouir, le désir a besoin de percevoir
l'inquiétante étrangeté de l'autre. » C'est au carrefour de nos différences que naît le désir, puis jaillit le plaisir. Ne cédons pas à la tentation
d'effacer nos différences, cultivons-les. Les assumer, c'est inviter son partenaire à un voyage étonnant, tout en gardant sa propre identité.